09/02/2021
PME ET DÉVELOPPEMENT DURABLE : UNE RELATION PLUS ÉTROITE QU’IL N’Y PARAÎT
Le terme de développement durable est souvent mal interprété, se limitant à l’environnement. Ce manque de clarté éloigne les PME d’un concept qui peut s’avérer très naturel dans leur activité.
« Terme tout particulièrement employé en écologie et économie pour désigner ce qui peut être maintenu pendant longtemps sans épuiser les ressources ou provoquer de graves dommages à l’environnement ». C’est ainsi que le dictionnaire de l’Académie royale espagnole définit, dans sa deuxième acception, l’adjectif « durable », mais la réalité économique ne cesse d’élargir son champ d’application depuis des années. Aujourd’hui, dans le monde de l’entreprise, le développement durable ne concerne pas seulement l’environnement, puisqu’il se rapporte également à l’impact plus social du travail et aux bonnes pratiques de gouvernance. Les PME sont tout particulièrement concernées par la sophistication du concept, puisqu’il s’agit des entreprises les plus proches des collectivités locales.
Mais « il ne s’agit pas d’inventer la roue, mais plutôt de se demander comment nous réalisons notre travail, quoi que l’on fasse », explique la femme d’affaires Clara Arpa. L’histoire de la société qu’elle dirige, Arpa EMC, est un bon exemple de la façon dont le développement durable est un concept inhérent aux PME qui n’est pas nécessairement lié à l’impact environnemental. L’entreprise Arpa a démarré son activité à La Muela (Saragosse) en 1968 en fabriquant et commercialisant des tentes ainsi que des installations éphémères pour les camps d’été. Elle a dès lors commencé à se diversifier en se lançant dans la construction de cuisines de campagne pour l’armée puis, quelques années plus tard, en développant son activité pour investir le domaine de la santé.
Depuis 2011, la société est dirigée par la fille du fondateur, Clara Arpa, qui est également à la tête du Réseau espagnol du Pacte mondial, l’organisation multinationale qui implique le secteur privé dans la poursuite des Objectifs de développement durable (ODD). Arpa EMC, dont les équipements ont été et sont utilisés dans plus de cinquante pays, emploie environ quatre-vingts personnes et a clôturé l’exercice 2020 avec un chiffre d’affaires s’élevant à une vingtaine de millions d’euros. Mais ce qui distingue le plus l’entreprise, c’est son engagement envers le développement durable, qui va de l’utilisation de l’énergie aux programmes de formation continue, aux plans contre le harcèlement au travail ou à la promotion d’un mode de vie sain.
CELA N’A PAS ÉTÉ FACILE DE SORTIR LES GENS DE LEUR ZONE DE CONFORT. DES CONGÉS, SALAIRES ET PRIMES, NOUS SOMMES SOUDAINEMENT PASSÉS À PARLER DE PARTIES PRENANTES ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLECLARA ARPA, DIRECTRICE D’ARPA EMC
La femme d’affaires affirme qu’il y a une dizaine d’années, faire du développement durable un élément de base de l’entreprise était compliqué. « Nous avons dû repartir de zéro », se souvient-elle. Et pour mener à bien ce processus, la pédagogie interne a joué un rôle essentiel : « Cela n’a pas été facile de sortir les gens de leur zone de confort », se rappelle-t-elle, « parce que des congés, salaires et primes, nous sommes subitement passés à parler de parties prenantes et de développement durable ».
Le développement durable, à l’origine de l’activité
Le cas de la société Crowdfarming, née en 2017, est bien différent, puisque le concept même de développement durable est la clé de voûte de son modèle économique. Cette entreprise familiale de Bétera (Valence), qui emploie 42 personnes, commercialise des produits issus de l’agriculture biologique. Ces derniers sont cultivés et vendus, sans recourir à des intermédiaires, en fonction des commandes reçues en ligne.
Comment ça marche ? Gonzalo Úrculo, cofondateur de l’entreprise avec son frère, nous explique tout ça par téléphone – « depuis le potager, au milieu des pamplemousses » et avec quelques problèmes de couverture – : « Par opposition à la conception du consommateur perçu comme un objet auquel il faut vendre quelque chose, nous voulons de notre côté qu’il participe au processus, en cherchant d’une certaine manière à personnaliser l’achat de nourriture ». Chaque client commande le produit de saison spécifique, en identifiant le producteur. Gonzalo Úrculo assure qu’il s’agit d’une réponse à « une révolution qui est déjà en cours dans les champs : les agriculteurs sont de plus en plus disposés à vendre directement et les consommateurs exigent de plus en plus une agriculture biologique. Les deux extrémités de la chaîne se rejoignent progressivement ».
Crowdfarming s’engage en matière de pérennité écologique, mais pas seulement, explique Gonzalo Úrculo : « Nous misons également sur une durabilité économique, car l’agriculteur peut produire et planifier sa production sans que l’intermédiaire ne fixe le prix en fin de saison, alors que toutes les dépenses ont déjà été engagées. Et dans l’agriculture biologique, chaque fois que vous supprimez des produits chimiques, vous ajoutez de la main-d’œuvre. La vente directe de produits bio a un impact positif sur l’emploi local », précise-t-il.
En comparaison avec certaines multinationales qui « pensent toujours à faire plus avec moins de personnel, le paiement de salaires donne une certaine satisfaction aux petits entrepreneurs », explique Gonzalo Úrculo, qui se consacrait à la logistique avant de créer son entreprise. « Personne ne nous demande quoi que ce soit sur les politiques de développement durable », déclare Clara Arpa, « nous agissons par conviction, mais nous aimerions que l’administration prenne davantage en compte la valeur sociale des entreprises durables ».
Un label pour distinguer les PME durables
« Les consommateurs voulant générer un impact positif à travers leurs achats sont de plus en plus nombreux. Et il y a de plus en plus de travailleurs qui cherchent à rejoindre des entreprises dont l’activité repose sur des valeurs et des objectifs », explique Gonzalo Úrculo. Mais cette demande sociale peut se heurter au manque d’informations sur les politiques de développement durable de chaque société.
Pour surmonter ce problème, la banque Santander, avec l’approbation indépendante de l’AENOR (Association espagnole de normalisation et de certification), a créé un label visant à qualifier le niveau de développement durable des entreprises possédant un chiffre d’affaires allant jusqu’à 50 millions d’euros. L’objectif est de les aider à obtenir une notation qui leur permette de se distinguer auprès de leurs clients et fournisseurs, publics ou privés, et à structurer, connaître et améliorer les informations ainsi que le niveau de mise en œuvre des domaines du développement durable qui peuvent s’avérer nécessaires pour participer à certains appels d’offres publics.
Le processus de cette première notation de durabilité mise au point pour les PME est très simple et 100 % numérique. L’outil conçu permet aux petites et moyennes entreprises de connaître leur niveau de développement durable à travers un simple questionnaire, dont les questions portent sur la consommation de ressources, la gestion des déchets, l’égalité des chances et les possibilités d’épanouissement professionnel. Une fois le questionnaire complété, l’entreprise reçoit une première « note » : débutant, intermédiaire, avancé et expert.
Par ailleurs, l’entreprise peut obtenir un rapport personnalisé proposant des plans d’amélioration ainsi qu’un guide de bonnes pratiques. Pour l’attribution de l’indice de développement durable définitif, les PME disposent de l’audit télématique d’AENOR, qui vérifie le niveau final, avec la possibilité d’obtenir une distinction publique de l’attestation.
Ce service est disponible via le produit bancaire Santander One Empresas, la nouvelle gamme de services distinctifs de la banque, qui comprend également des prestations d’assistance financière, d’orientation commerciale, d’assistance à la gestion commerciale, d’optimisation des relations avec les fournisseurs et de numérisation des paiements, entre autres.
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